MarqueNouveautésTest

Essai Pro-Ject Debut Carbon EVO

Quand Pro-Ject fait évoluer un produit du coeur de sa gamme, on peut se demander s’il s’agit de la mise en avant nécessaire d’un modèle dont les ventes s’essoufflent avec le temps, un peu comme un restylage de mi-carrière dans le monde de l’automobile, ou s’ il y a une véritable évolution, comme le suggère le EVO accolé à sa dénomination bien connue.

Aucun suspense, désolé. La réponse est quasi instantanée : nous déballons notre premier exemplaire, d’un superbe vert sapin satiné, nous la posons sur une étagère et la branchons immédiatement après avoir équilibré le bras à 1,8 gr de force d’appui puisqu’elle est toujours équipée d’une Ortofon 2M Red. L’EVO est flagrante ! Tout le monde sait qu’il faut un temps de rodage lorsqu’un nouveau produit sort de son emballage, et à chaque fois pourtant, tout excités par les nouveaux modèles qui nous arrivent, nous ne prenons pas le temps de respecter ce délai. Rien à faire, nous ne pouvons pas nous empêcher de jeter une oreille trop attentive aux premières notes de musique…

Alors parfois on s’en mord un peu les doigts, parce que la première impression laisse des traces profondes comme très (trop) souvent dans la vie… Ici, rien de cela : ampleur, précision, dynamique, surtout dynamique, tout cela se remarque en quelques mesures. La dynamique, c’est une qualité qui a des conséquences considérables sur la perception du son. La perception des nuances d’intensité les plus ténues ou les plus explosives dans toute l’étendue de leur gamme étoffe tous les paramètres qui constituent la musique telle que nous la percevons. Espace sonore plus réaliste grâce aux plus infimes renseignements comme l’écho ou les petits bruits de manipulation d’instrument qui ressortent mieux et à leur place, émotion des voix ou des instruments solistes mieux captée dans leur vibrato ou leur richesse harmonique, impacts légers ou puissants qui “expliquent” mieux les finesses de jeu ou la puissance d’expression des musiciens, batteurs, percussionnistes … Donc EVOluer sur ce plan a des conséquences énormes pour l’amateur de musique.

La musique naît du silence, c’est parfois utile de se le rappeler, et le silence d’une platine vinyle est très relatif. Une mécanique en mouvement, des matériaux sujets à des vibrations générées par leur mise en action même ou par des parasites extérieurs (à commencer par les ondes acoustiques de la musique en train d’être reproduite !!) c’est là que se trouve le défi pour les ingénieurs. Absorber les vibrations sans amortir la vie du son, limiter les tolérances au maximum tout en entravant le moins possible la liberté de rotation et de suivi du sillon, voilà les paradoxes auxquels ils sont confrontés. Et quand comme chez Pro-Ject ils sont capables d’améliorer aussi nettement les performances de leur platine tout en maintenant un tarif très raisonnable de 499,00 euros, on ne peut qu’être impressionné…

J’en oublierais presque de mentionner sa grande douceur, cette souplesse typique qui fait partie de l’ADN de Pro-Ject depuis toujours. Elle est au rendez-vous mais pour qu’une qualité comme celle-là se remarque il faut prendre le temps d’écouter plus longtemps car elle ne s’impose pas, elle se diffuse plutôt procurant dans la durée une sensation de confort très appréciable…

Cette réussite évidente nous interroge sur un autre cheval de bataille mis en avant souvent par Pro-Ject Audio. Faire évoluer sa platine en y ajoutant l’un au l’autre upgrade a-t-il encore du sens après ce que nous venons d’en dire ? Si l’EVOlution est telle sur ce modèle Debut Carbon, remplacer le plateau déjà amélioré par un plateau Acryl-it, placer un palet Record-puck sur le disque s’entendra-t-il ? Cette question nous nous la sommes posée aussi et nous allons donc passer en revue quelques possibilités pour les évaluer.
Affaire à suivre…