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Pro-Ject Audio box(e) bien au-delà de sa catégorie de poids

Dites “Pro-Ject Audio” et pour peu qu’il connaisse un peu le monde de la haute fidélité, votre interlocuteur va visualiser une platine vinyle élégante et abordable, élégante et originale, ou élégante et ambitieuse voire carrément haut de gamme, mais il est fort peu probable qu’il se représente une petite boîte d’aluminium et encore moins une profusion, une véritable procession de petites boîtes d’aluminium presque impossibles à dénombrer.

C’est tellement Pro-Ject de multiplier les solutions. Je dois vous confier que ça m’a tout d’abord posé un peu question cette enfilade de produits, que l’on peut aussi remarquer dans leur gamme de platine. Puis ça m’a un peu perdu, égaré que j’étais dans le dédale de leurs séries. Mais progressivement, j’ai commencé à y voir plus clair et je pense avoir compris cette philosophie qui consiste à proposer de nombreux produits différents pour de nombreux usages différents pour tous les budgets, plutôt que de réduire une gamme à quelques compromis bien étudiés et calibrés. Il ne s’agit pas de dire qu’une philosophie vaut mieux qu’une autre, mais on constate en tout cas qu’elle est pleinement assumée chez Pro-Ject.
Le fondateur de la marque nous a dit lors d’une visite en Autriche que s’il pouvait encore élargir le choix, il le ferait sans hésiter. Et lorsqu’on analyse la gamme, il faut bien avouer qu’aucune de ces petites boîtes n’est superflue.

Des boîtes ? Oui j’appelle ça des boîtes, mais c’est seulement parce qu’eux-mêmes chez Pro-Ject utilisent ce mot pour dénommer la plupart de leurs produits. Phono Box, Stereo Box, Amp Box, Pre Box, Dac Box, CD Box… Ce sont donc des boîtes d’après leurs concepteurs. Mais pas n’importe quelles boîtes. Elle sont d’une compacité étonnante, même stupéfiante pour certaines. Le plus souvent elles sont superbement usinées dans d’adorables petits coffrets d’aluminium, à l’exception de la série économique E. La gamme la plus étendue, la série S2, est constituée d’une panoplie de petits coffrets (23 en totalité) dont la face avant fait 10 cm de largeur par 3,6 cm de hauteur. Dire que ces produits sont incroyablement compacts n’a donc rien d’excessif. Et ce qui est moins exagéré encore c’est d’affirmer que ces autrichiens sont des sorciers. Des magiciens du son. Des alchimistes. Je veux bien admettre qu’il y a un effet subjectif encore plus saisissant lorsqu’un beau grand son sort des entrailles d’une boîte toute riquiqui, mais c’est de la musique, de la belle musique, c’est fluide, c’est ouvert, c’est souple et dynamique à la fois. Ce qui me rappelle qu’à l’origine, un des ingénieurs à la base du concept développait des amplificateurs à tube, et il a eu l’intuition dès les prémices de l’audio numérique qu’il y aurait des convergences entre les qualités musicales historiques de la plus vieille technologie d’amplification et ce que promettait le potentiel du numérique. Car il faut bien se rendre à l’évidence. Si ces boîtes peuvent être aussi petites, c’est grâce au rendement formidable de l’amplification numérique, au-delà des 90% et aux faibles pertes thermiques qu’elle génère. Théoriquement, s’il n’était pas nécessaire de munir ces boîtes de connecteurs dont la forme et la taille ont étés déterminées il y a bien longtemps, on pourrait encore imaginer en réduire le gabarit. Mais cela n’aurait guère de sens.

Faire aussi petit est-il en soi une nécessité ? Non sans doute, mais puisque la marque est née en même temps que se développaient les possibilités de miniaturisation liées au numérique, c’était en tout cas possible. Et il faut avouer que c’est aussi une manière très intelligente de se différencier, de dire au monde qu’on existe, qu’on fait de la qualité, qu’on produit de manière ultra moderne en Europe, plus précisément en Slovaquie, et qu’en plus on a une qualité unique et utile au plus grand nombre, à savoir qu’on propose des produits qui n’encombrent pas les étagères mais qui remplissent votre lieu de vie de musique aussi bien que n’importe quelle grosse boîte de format traditionnel. Ça, c’est du génie. Cela permet par ailleurs quelques économies de matériau et cela a des conséquences positives sur le rapport qualité-prix-performances.

Encore fallait-il faire chanter toutes ces petites boîtes, et cet objectif est atteint sans restriction, aussi bien subjectivement (ce qui compte le plus pour vous et nous, amateurs de belles sensations musicales) qu’objectivement, ce qui est maintenant largement corroboré par de multiples distinctions internationales et par des test de labos indépendants tout aussi élogieux.

Alors bien sûr, les plus perspicaces d’entre vous ont déjà relevé une petite anomalie, non ? De fait, un CD fait 12 cm de diamètre, alors comment font-ils pour pousser un CD dans leurs boîboîtes de 10 cm de large…? Bien vu, et la solution est évidente: on double la largeur de la boîte de manière à y caser une excellente mécanique CD, tout en respectant un équilibre visuel puisque les boîtes pourront se superposer parfaitement. De toute façon, l’exercice de style a des limites et nous n’avons pas encore parlé des séries DS2 et RS(2), qui adoptent une largeur et une hauteur doublées de manière à pouvoir augmenter la puissance, la connectique, les possibilités et surtout la qualité d’une manière générale. Cependant, doubler les cotes de la façade et allonger la profondeur n’en fait toujours pas d’encombrants poids lourds. Imaginez en effet, que ces produits plus ambitieux occupent un volume à peu près huit fois inférieur à la moyenne des produits hifi traditionnels…! Il est donc parfaitement possible d’obtenir un système très haut de gamme sans monopoliser plus de place qu’une mini-chaîne.

Si la valeur perçue se calcule au poids ou à la quantité de matériau, clairement Pro-ject se retrouvera comme un poids coq obligé d’affronter un poids lourd… mais si c’est le chant du coq qui compte et que les arbitres ferment les yeux, ils pourraient bien se retrouver stupéfaits en les ouvrant après avoir désigné le vainqueur.