Qacoustics Concept 500

Deux voies, vers l’infini et au-delà ! (sous-titre inspiré par la finition de notre exemplaire de démonstration, mais pas que…)

Je suis très heureux de vous parler de ce produit, j’avais envie depuis un bon moment de le mettre en démonstration au magasin. J’ai eu l’occasion de l’écouter ici-même il y a quelques temps, et l’impression qu’il m’a procuré est restée durablement gravée dans ma mémoire. Son poids, son encombrement et la notoriété seulement naissante de la marque m’ont un peu retenus dans un premier temps. Grâce à Jérémy arrivé entretemps, je ne crains plus ni son poids ni son encombrement. En effet, Jérémy soulève quotidiennement l’équivalent de dizaines de Concept 500 dans sa salle de sport climatisée (dans les combles, glaciale en hiver, étouffante en été). Et après tout, pour ce qui est de la notoriété, on ne saurait reprocher à une jeune société son manque de prestige, de traditions séculaires ou de fières anecdotes datant des débuts de Jimi Hendrix ou de Glenn Gould. Par ailleurs, la collection spectaculaire de distinctions et autres awards que la marque a collecté illustre une fois de plus qu’aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années.

Qacoustics est jeune, née au 21ème siècle certes, mais elle émane de la l’initiative de vieux briscards de la tradition britannique, ayant fait carrière dans des maisons bien connues. Ils ont eu envie de s’amuser et de voir ce qu’ils pourraient faire pour secouer un peu le cocotier et frapper très fort en terme de rapport prix-performance, en réexaminant les processus de sélection des composants et d’assemblage d’une enceinte acoustique. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils y sont parvenu. Les séries 1000, 2000 et les actuelles 3000 ont redéfini sans discussion ce que l’on pouvait espérer d’enceintes à petit prix. Mais bien évidemment, forts de ce succès, nos amis à cheveux gris n’ont pas pu se contenter de cela, il se sont pris au jeu et n’ont pas pu s’empêcher de réfléchir à un projet plus ambitieux. Rapport qualité-prix ne signifie pas nécessairement entrée de gamme, n’est-il pas (comme ils disent à chaque fin de phrase) ? Vinrent alors les Concept 20 et 40, annonciatrices d’une toute autre tentative nettement plus audacieuse encore, la Concept 500 qui nous occupe. Là où les Concept 20 et 40 inauguraient un principe de doubles caisses MDF isolées l’une de l’autre par un gel souple, les Concept 500 en utilisent une triple (!) isolée deux fois par ce fameux gel (qui ne sèche jamais) et conserve ses propriétés, à savoir amortir la caisse et transformer certaines vibrations générées à l’intérieur de l’enceintes en…chaleur. L’inertie de cette ébénisterie est donc remarquable et au-delà de cela sa présentation est à la fois très simple et très élégante. Pour se singulariser et peut-être aussi pour « tricher » légèrement sur la profondeur non négligeable de leur belle, les concepteurs de cette Concept ont opté pour des finitions laquées sur les deux tiers avant de l’enceinte tandis que le tiers arrière est plaqué dans un bois véritable lui aussi laqué et tout est parfaitement raccordé et exécuté. L’ensemble est posé sur un socle en métal chromé qui décrit un cercle dans lequel l’enceinte serait posée. Très chic et original mais pas du tout excentrique. Du haut de son mètre dix-sept, elle a fière allure.

Passons sur le déballage, très bien pensé lui aussi, mais à ne pas tenter seul, et venons en aux premières impressions. J’ai récemment déclaré mon affection toute particulière pour les enceintes deux voies, et il serait tout naturel de penser qu’une deux voies est nécessairement une enceinte compacte, bibliothèque comme on dit. Or il n’en est rien, et la Concept 500 est là pour le démontrer. L’utilisation de deux haut-parleurs basse-medium (boomers) permet d’augmenter la présence et l’impact dans cette région et d’augmenter le rendement de l’ensemble, mais impose un montage un peu spécifique. En effet, plus le boomer monte en fréquence, plus il devient directionnel. Or, sa proximité avec le tweeter est indispensable pour que les deux fusionnent de manière transparente sans affecter la mise en phase et donc la précision des timbres et de l’image sonore. La seule possibilité pour équilibrer cette distance en employant deux boomers est de les placer à équidistance au-dessus et en dessous du tweeter. Cette configuration porte le nom de l’ingénieur qui l’a mise au point en son temps, un certain Joseph D’appolito. Deux voies seulement donc et trois haut-parleurs pour une colonne de presqu’un mètre vingt de haut ? Ces messieurs chez Qacoustics seraient-ils pingres ? Non bien entendu, c’est une philosophie technique, une conviction que le plus simple est le mieux et qu’à un prix donné on peut toujours faire une meilleure 2 voies car on peut consacrer des ressources à tout ce qui restera invisible pour l’utilisateur mais qui participera (et pas un peu) au résultat global, à l’homogénéité de la performance et au raffinement que le produit pourra distiller très longtemps. Pour celles et ceux que cela intéresse, Qacoustics a publié un très intéressant « white paper » (en anglais) expliquant de manière approfondie la démarche technique point par point. Je le trouve très instructif. Mais il faut apprécier la poésie des graphiques…

Venons en à ce qui compte in fine, est-ce que ça chante une Concept 500 ? Ce qui frappe d’emblée, c’est la propreté remarquable du son, c’en est même déstabilisant au début. J’ai tout de suite dit à Jérémy (sans laisser le moindre temps de rodage aux enceintes comme d’habitude, vous connaissez la chanson maintenant), c’est fou, on dirait une sorte d’écoute au casque géante ! Bien sûr, l’image sonore est là devant vous, c’est donc très différent d’un casque d’écoute, mais cette propreté ! C’est comme si l’enceinte ne produisait que le son de ses haut-parleurs, comme s’il fallait se déprogrammer de toute une série de colorations comprises comme inhérentes au message musical et que l’on ne perçoit plus subitement… Est-ce que j’aime cette sensation ? Énormément… après un temps d’adaptation ! La notion d’euphonie, ça vous dit quelque chose ? Il s’agit simplement d’une combinaison agréable et harmonieuse de sons. Est-ce qu’une coloration apportée par un élément constitutif d’une chaîne haute fidélité peut être euphonique ? C’est à dire nous caresser dans le sens du poil ? Évidemment ! Les facteurs d’instruments connaissent très bien cette notion, le principe même d’un instrument, c’est de sonner, de résonner de la meilleure façon possible et leurs concepteurs jouent avec les matériaux utilisés pour colorer le plus joliment le plus harmonieusement, chacun selon son but et son tempérament, l’instrument idéal. Mais justement, pour pouvoir rendre justice à tous les instruments de l’orchestre et les présenter de manière naturelle et harmonieuse à l’écoute, l’enceinte idéale devrait s’effacer et ne pas imposer une résonance, une coloration particulière. C’est en tout cas clairement le point de vue des ingénieurs de Qacoustics. Amateurs de dynamiques explosives, d’aigus scintillants, de basses vrombissantes, cette enceinte n’est pas faite pour vous. Comprenons-nous bien, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon d’aimer la musique, il y a celle qui vous plaît, la seule qui compte. Cette Concept 500 est sobre, honnête, elle marque les différences entre les ambiances musicales et les prises de son d’une façon magistrale. Elle est d’une certaine manière toute simple et vous emmène sans tapage vers des voyages musicaux sans limite.

Si vous avez lu jusqu’ici, vous vous êtes peut-être dit que les musiques rock, pop, électro n’étaient pas prises en compte dans ce compte-rendu… Que nenni ! J’ai écouté des musiques électro avec des basses affolantes d’une profondeur et d’une propreté incroyables. J’ai écouté le tout nouvel album d’Ariana Grande (promis) et le morceau d’ouverture assez court m’a scotché, la suite est parfaitement produite et rend justice à la plasticité remarquable de sa voix. J’ai même en compagnie de Jérémy envoyé du bois, du lourd, du très saignant qui ne fait pas vraiment partie de mes références et j’ai compris ! J’ai toujours cru que c’étaient probablement des enregistrements d’engins de chantier ou de rassemblement de motards, ou plutôt les deux ensembles harmonisés avec des tronçonneuses, enfin ce genre de chose et bien pas du tout : ce sont des musiciens qui forment un groupe ! Les amateurs de métal et autre hardcore ne m’en voudront pas pour cette vanne très facile… D’ailleurs, sans rire, c’est vraiment fascinant quand toute cette énergie devient évidente et quand la seule distorsion audible est celle que les musiciens ont décidé d’appliquer sur leurs guitares. Cela permet de se rendre compte du niveau généralement très élevé des musiciens qui pratiquent le rock dur. Il faut aussi noter une caractéristique vraiment intéressante. Les basses sont rendues de manière très profonde mais surtout très nuancée, tendues, rondes, sèches ou souples en fonction des instruments et du mixage. Cette propreté qui m’a frappé d’emblée n’a donc que des conséquences positives ? Elle génère également une certaine matité à laquelle tout le monde ne sera peut-être pas sensible. Une approche légèrement plus « intime » que « concert », mais à la différence des moniteurs de studio qui jouent le son de manière chirurgicale, comme il se doit, pour constituer les outils dont ont besoin les professionnels qui mixent la musique, les Concept 500 plutôt qu’utiliser le scalpel, interviennent de manière beaucoup plus douce, plus apaisante, car leur but est de vous faire aimer la musique, être des compagnes de toutes vos envies sans s’imposer, si vous êtes partant. De quoi écouter une vie entière sans autre frustration que celle de n’avoir pas encore écouté toute la musique du monde. Des enceintes absolument haut de gamme au prix ou d’autres proposent généralement leurs séries intermédiaires. Du pur Qacoustics