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Cambridge EVO 150

Faut-il se méfier quand un appareil a tout pour lui à première vue ? Un design ravageur et compact, une pléthore de possibilités impossible à prendre en défaut, un pédigrée qui ne laisse aucun doute sur le savoir-faire de ses concepteurs et qu’il est tarifé plutôt raisonnablement eu égard à ce que pratique la concurrence… Bref c’est-y que ça serait trop beau pour être vrai ?

J’aurais pu ajouter, si je n’avais pas peur de faire de longues phrases (non, sans rire parfois j’y songe… et puis j’oublie), que la presse européenne spécialisée en a déjà fait son chouchou en lui décernant le EISA Award du meilleur amplificateur en réseau.

Mais si j’ai envie de parler de cet appareil, c’est tout simplement parce que l’évidence frappe dès les premières notes de musique. C’est heureusement régulièrement le cas et dans toutes les catégories de prix. Il n’y a aucun besoin de comparer ou d’analyser sous toutes les coutures pour en prendre conscience : la cohérence entre le fond et la forme, la fonction et l’usage s’impose. Ce que vous avez sous les yeux et ce qui vous est donné à entendre est très élégant, raffiné, transparent comme le vaste afficheur de la face avant, mais aussi solide et puissant, comme le suggère la fabrication trapue et le bouton de volume généreusement dimensionné, comme une invitation à lâcher les chevaux…

 
Pour les flancs, Cambridge vous laisse le choix : contemporain
ou vintage.

Les possibilités de ce tout-en-un sont presque sans fin, depuis la platine vinyle avec une entrée dédiée (MM) en passant par des connexions analogiques de niveau ligne rca ou symétriques, du Bluetooth bidirectionnel (émetteur aussi bien que récepteur) au format Aptx-HD, aux entrées numériques optiques, coaxiales et même USB-B (l’appareil devient alors la carte son externe du PC ou du Mac qui y est connecté), de l’HDMI ARC à l’USB-A (qui permet d’exploiter du stockage de masse sur clé ou disque dur) et bien entendu une connexion réseau, filaire ou non, performante et reprenant l’ensemble des possibilités du marché, en connexion directe via l’app Cambridge StreamMagic ou via les très populaires Chromecast et Apple Airplay… je souffle un peu… Allez, à la ligne !                                                                                                                                    Certains pourraient penser que tant de possibilités, c’est beaucoup trop pour leur usage, et de fait, Cambridge a pensé à eux en proposant une version quelque peu allégée, l’EVO 75, qui délaisse l’entrée vinyle, l’entrée symétrique, l’USB-B, les bornes pour une deuxième paire d’enceintes ainsi que la moitié de la puissance, comme son nom l’indique. Son prix s’en trouve allégé de 500,00 euros soit 1999,00 euros ttc. Techniquement, par contre, c’est le même appareil à très peu de choses près, la même qualité de fabrication et de composants, et pour une paire d’enceintes raisonnablement énergivore ce sera amplement suffisant. 

Moins de 32cm de large, mais une connectique impossible à prendre en défaut.

Arrivé à ce stade où il s’agit de décrire l’expérience d’un son, il faut bien reconnaître que les mots qui permettent de préciser les sensations doivent toujours être empruntés à des univers plutôt visuels ou gustatifs. Le vocabulaire manque un peu et ce n’est pas un hasard. L’ouïe est sans doute notre sens le plus abstrait et notre mémoire auditive probablement la moins entrainée donc la moins performante, du moins chez le commun des mortels. Voilà pourquoi, pardon de me répéter, je disais plus haut qu’il n’est pas forcément nécessaire de toujours comparer pour être sûr qu’un son est qualité ou qu’un produit bien né. La comparaison est parfois pernicieuse parce qu’elle induit le piège de l’objectivation à tout prix de quelque chose qui par définition parle autant à nos sens et à nos tripes qu’à notre intellect. Cet EVO 150 est classieux, chic d’allure comme de sonorité, il est fin, subtil et légèrement chaleureux sans être opaque, il peut pousser très fort mais ne comptez pas sur lui pour vous secouer à la manière d’une bête de puissance, ce n’est pas son style. Ce qui ne signifie pas qu’il est mal à l’aise sur le versant électrique ou électro de la musique, mais pas pour animer un dancefloor ou allumer un pogo de feu… Ce n’est même pas une limite, en fait c’est un choix. Le choix de privilégier la lisibilité au détriment de l’épaisseur, l’aération plutôt que l’impact. Pour autant le grave impressionne par sa tension et sa netteté y compris lorsqu’on sollicite les “chevaux”.
L’ensemble donne l’impression d’une grande maîtrise et d’un très bel équilibre. Il faudra comme toujours ressentir cela chacun pour soi et en fonction du reste du système c’est à dire des enceintes acoustiques essentiellement puisqu’il manque si peu à cette unité d’électronique. Cambridge annonce un lecteur CD au même format et à la même (splendide) finition pour ceux qui ont une collection de galettes argentées à exploiter.

Si cet EVO représente le futur de la haute fidélité, elle a de très beaux jours devant elle. Les amateurs de composants séparés ne seront jamais oubliés mais il est réjouissant de constater que certains fabricants pensent aussi aux autres, ceux qui pour bien des raisons préfèrent moins s’encombrer tout en refusant de sacrifier la musicalité, le raffinement et la puissance.

En plein dans le mille Cambridge, coup d’essai, coup de maître, chapeau!