La MaisonRéflexion

À bon entendeur…

Cet article, vous me le concéderez je suppose, je n’ai pas beaucoup de plaisir à le poster. Il y a peu de chance que ce que vous lirez ici vous surprenne et pour ma part, cela fait plus ou moins un an que je le rumine. D’ailleurs est-il vraiment nécessaire ? Nous habitons sur la même planète, et à moins que vous ayez décidé de vous couper totalement de vos canaux d’information habituels, je ne vous apprendrai rien ici. Ce qui me tracasse pour dire le moins, ce sont les conséquences larvées (de moins en moins d’ailleurs) que certains pensent devoir en tirer.

L’approvisionnement en composants électroniques, en particulier en micro-processeurs, touche évidemment notre secteur qui en fait, et de plus en plus, un usage intensif. Les processeurs et autres circuits intégrés qui sont au cœur de tout appareil numérique (lecteur CD, lecteur réseau, DAC, ampli-DAC de toute catégorie d’amplification, récepteur DAB+…) font cruellement défaut et sans doute pour un bon moment encore. Cette situation a des conséquences inédites dans l’histoire de l’industrie mondiale (et pas seulement dans notre secteur : essayez de commander un ordinateur ou une voiture pour voir…).

Ajoutez à cela la pandémie de Covid19 qui a forcé les entreprises à revoir leur organisation du travail, souvent avec des conséquences pour leur capacité de production. Saupoudrez de nouveaux protocoles multipliant les stades de vérifications, de quarantaines en douane, de précautions de toute sorte, n’oubliez pas d’octupler voire de décupler les tarifs pour les containers de transport (une explosion liée à un déficit de capacité de transport alors que l’économie est en train de redémarrer un peu partout dans le monde, occasionnant une forte demande) et sans charger la barque plus encore, il est aisé de comprendre que la situation actuelle n’a pas d’équivalent dans l’histoire récente. Tiens j’ai oublié de mentionner l’explosion du coût des matières premières et son cortège de bonnes nouvelles comme les prix de l’énergie… Comment tout cela pourrait-il n’avoir aucune conséquence à notre petit niveau d’intermédiaire final entre tous ces processus et vous, nos chers clients ?

Ce qui me pose plus question, c’est la manière dont certains jouent un drôle de jeu dans cette situation. Vous le savez peut-être, nous nous sommes déjà interrogés au sujet de l’utilité de la vente en ligne à notre échelle, avec pour l’instant en tout cas, toujours la même réponse, négative. Je ne vais pas me répéter ici, les raisons de ce choix (de combat apparemment) vous sont détaillées par ailleurs. Certains font d’autres choix, ils ont leurs raisons très respectables. D’autres encore ont conçu leur modèle économique uniquement sur la vente en ligne, pourquoi pas ? Chacun son truc, je n’y trouve rien à redire. Mais certains fabricants ou leur filiales directes chargées de la distribution de leurs produits voudraient mettre à profit l’engouement (un peu forcé par les événements) mais bien compréhensible après tout pour la facilité de l’achat en ligne et là nous disons attention, réfléchissez bien à ce que vous faites ! (Zut je recommence! J’avais dit stop aux phrases interminables…)

Nous voudrions vous interpeller mesdames et messieurs nos fournisseurs, vous qui êtes les importateurs, officiels ambassadeurs des marques que vous défendez. Désolé pour ceux qui, assez nombreux heureusement, ne doivent pas se sentir visés, impossible ici de donner des noms évidemment. Nous nous réservons le droit de le faire ultérieurement. Vous fabriquez et distribuez des objets qui servent à reproduire le truc le plus abstrait qui soit : du son ! Plus exactement un enchainement de vibrations sonores qui, jointes les unes aux autres, forment un ensemble qui, grâce à la magie créative des artistes qui l’a rêvé, se transforme en chanson ou en symphonie, bref en un plaisir infini mais indescriptible par nature. D’ailleurs, vous n’y arrivez pas, à le décrire, le merveilleux son que produisent vos machines, vos objets à faire de la musique… Tout au plus, vous utilisez la photographie, le dessin, de splendides contrejours, des gros plans d’épures ou de détails de vos appareils, comme des joailliers. Vous pouvez aussi, et vous ne vous en privez pas, compter sur vos graphiques ou ceux des laboratoires d’analyses spécialisés pour valoriser vos progrès, vous pouvez confier votre bonne parole à des journalistes (totalement sincères pour l’écrasante majorité) chargés de la transmettre à travers leurs médias, vous pouvez même à l’occasion vous offrir les services d’un artiste renommé chargé de confirmer vos prétentions. Oui, vous pouvez faire tout cela. Mais vous le faites tous autant que vous êtes, alors quoi…?

La véritable expérience, la seule qui distinguera votre produit, qui l’élira aux yeux et aux oreilles de votre acheteur particulier, vous savez, celui que vous appelez “target” dans vos réunions, c’est évidemment la confrontation de votre petite merveille avec sa concurrente tout aussi merveilleuse dans un endroit où l’on organise ce genre de défi. Ces endroits s’appellent des commerces de détail (par opposition au commerce de gros), c’est amusant parce que justement ce qui fait basculer la décision du client, ce sont les détails, ceux que vous n’avez pas pu expliquer sur votre page produit. Ces détails qui relèvent du goût particulier de chacun et qui mis bout à bout magnifient l’expérience et l’émotion de manière indescriptible mais flagrante. Ces endroits seuls proposent de réaliser cette expérience, et s’il vous vient à l’esprit qu’un écran de smartphone ou d’ordinateur pourrait suffire à la remplacer, sachez qu’il s’agit là d’une parfaite contradiction avec les principes même qui ont animé les recherches de vos brillants ingénieurs passionnés de musique et infatigables défricheurs de nouvelles terres technologiques au profit de nos émotions et de notre plaisir quotidien.

Pour rappel, nous ne sommes pas concessionnaires, nos choix sont libres et nous tenons beaucoup à cette liberté. Si certains d’entre nos fournisseurs pensent qu’il est bon pour leur évolution de nous passer au-dessus de la tête, qu’ils sachent que leurs produits ainsi évaporés vers leurs vitrines virtuelles pourraient bien également se volatiliser de nos étagères.