Le marché des casques d’écoute, écouteurs et autres produits filaires ou non filaires destinés à l’écoute en solitaire est en ébullition depuis quelques années. Moi qui ai commencé dans ce métier dans les années quatre-vingt, je me souviens parfaitement de cette époque : en-dehors des marques généralistes qui se devaient, comme leur nom l’indique, de proposer un peu de tout et donc aussi des casques d’écoute, seules quelques marques spécialisées dans cette production étaient disponibles. Leurs noms sont bien connus et elles restent toujours bien implantées de nos jours. La plus grande d’entre elles, Sennheiser, continue à peser de tout son savoir-faire sur ce marché. Mais ces dix dernières années, nous avons pu assister à une explosion incroyable de nouveaux acteurs dans ce domaine. Il y a d’une part toute une série de marques spécialisées dans le son de longue date mais qui ne produisaient ni casque ni écouteur, comme Focal, Bowers & Wilkins, etc… et d’autre part, une liste interminable de très jeunes marques dont ce nouveau marché de la mobilité en expansion presque logarithmique a aiguisé les crocs. Tout ce beau monde veut sa part dans ce gâteau qui semble gonfler sans limite ces dernières années. La levure aurait-elle été mal dosée? Pour certaines de ces nouvelles marques, il est évident qu’elles sont surtout concentrées sur la communication, le design, les coloris, bref elles produisent surtout du vent. Toutes les marques de fringues un peu tendances veulent coller leur logo sur des paires d’écouteurs. Un peu comme si la Maison de la Haute Fidélité se mettait à commercialiser, disons au hasard, une bière de type triple fermentation à son nom… pas crédible, non ? Encore des levures me direz-vous ? C’est vrai, je ne me rendais pas compte, mais maintenant que vous soulevez ce point, il semble qu’il y ait quelque chose à creuser.



Alors pourquoi Ausounds ? Nous l’avons déjà mentionné par ailleurs, la jeunesse d’une marque ne peut pas lui être reprochée, tout le monde doit bien commencer quelque part. Plus important est ce qu’elle peut apporter à un marché saturé et davantage encore ce qui a motivé sa création. S’il y a, à l’origine de cet accouchement forcément risqué, nécessairement difficile, une vraie passion du son, un véritable amour pour la musique, là cela commence à nous intéresser. De ce point de vue, on peut constater que la démarche de cette société californienne est pleine de fraîcheur et d’audace, mais aussi de sagesse. En effet, l’équipe réunie autour de son fondateur a été composée de collaborateurs-clés dotés d’une énorme expérience dans le business du son. J’utilise le mot business car s’il y a une grande qualité que l’on peut reconnaître aux américains, c’est qu’ils ne perdent jamais de vue que tout projet de ce type est commercial par définition et que la meilleure manière de le mener à bien dans la durée est d’être professionnel à tous les niveaux. Bien s’entourer est un bon début. Les marques pour lesquelles ces collaborateurs ont travaillé avant de rejoindre Ausounds sont toutes plus réputées les unes que les autres, preuve que la marque souhaite non seulement exister mais surtout exceller. Leur ambition affirmée est de devenir ni plus ni moins qu’une référence pour les producteurs et musiciens professionnels autant que pour les amateurs de bon son. Le souhaiter secrètement est certainement une ambition louable, mais l’annoncer d’emblée comme un objectif est quand même gonflé non ? (Un peu comme une pâtisserie qui …, bon ça va j’arrête avec les levures) Mais voilà, ça aussi on peut l’admirer chez les américains : ils ne doutent de rien !
Et pourquoi douteraient-ils d’ailleurs, ils ont engagé des pointures issues des plus grosses boîtes actives dans le secteur (Sennheiser, JBL, Bose, Beats,… pour ne pas les nommer) avec un mot d’ordre : ne concevez pas un produit typé pour un genre ou un public, ne pensez pas votre projet plus pour les ingénieurs du son que pour l’amateur de hip-hop ou le consommateur exclusif de musique classique, faite simplement le meilleur produit possible et il pourra être naturellement apprécié par les uns et les autres. Alors quoi : ultra polyvalents, idéaux pour tout un chacun ces Ausounds ?

Nous venons de recevoir notre première livraison et je n’ai pu tester que deux produits clés dans leur gamme. Le AU-XT ANC (199,00 euros ttc), un casque circum aural sans fil avec annulation de bruit, et le AU-Flex ANC (229,00 euros ttc) un système d’écouteur sans fil avec tour de cou également doté d’un système de suppression des bruits ambiants. Au sujet de ce dernier, j’avais déjà mentionné dans un billet au sujet d’un produit similaire de Bowers & Wilkins, à quel point j’apprécie cette formule. Excellente tenue à l’oreille grâce au câble tour d’oreille et au bouchons intra-auriculaires plus tour de cou léger et souple, contenant les commandes et la batterie pour une autonomie de 15 heures sans recharge intermédiaire. Au repos les deux écouteurs se joignent magnétiquement sur votre poitrine, toujours à portée de main, occasionnant une pause sur votre musique. Jamais ils ne tombent ou ne disparaissent, pour les distraits et les maladroits comme moi, c’est la formule parfaite. Bien calé dans et autour de vos oreilles, bien placé autour de votre cou, il permet une pratique sportive intense sans problème de tenue. Et puisque qui peut le plus peut le moins il autorise également le télé-travail, et la balade paisible.
Techniquement c’est un produit assez avancé. Il fait usage d’une membrane hybride planar magnétique pour le medium aigu et d’un driver conventionnel (dynamique) pour les basses. Il en résulte un niveau de définition assez remarquable et une puissance impressionnante. Le grave ne devient jamais étouffant et le système de réduction de bruit, sans atteindre le niveau obtenu avec un casque est tout de même très utile, permettant d’obtenir d’excellents résultats à un niveau de pression acoustique moins élevé, même dans un environnement bruyant. Ce qui est également très remarquable, c’est que ce système de réduction n’opère pas au détriment de la qualité musicale. Bien au contraire, on a globalement l’impression d’une définition et d’une propreté supérieure lorsqu’on l’active, c’est étonnant, car c’est souvent l’impression inverse dans les marques traditionnelles. Le tempérament acoustique tend globalement vers la précision et la dynamique, mais sans dureté. Pas d’effet de voile doucereux, l’écoute est franche et nette, très informative. Le grave est assez tendu, pas du genre exubérant, sans effet de masque flagrant comme c’est souvent le cas, il faut bien l’avouer.


Toutes ces remarques sur sa musicalité valent aussi pour le casque AU-XT ANC, mais évidemment c’est un casque circumaural et non une paire d’écouteurs intra, cela change tout en ce qui concerne l’ergonomie. Il est livré avec une pochette de transport semi-rigide et la première impression lorsqu’on l’en retire est une grande légèreté, plus que la moyenne. En effet, pas de structure métallique ou d’épaisse branche, le produit peut sembler léger, mais il ne faut pas confondre légèreté des matériaux avec légèreté de construction. Une fois placé sur la tête, on se félicite de son poids modeste, il est instantanément adopté. Les mousses à mémoire de forme prennent place facilement autour des oreilles, le réglage de longueur de l’arceau est cranté fermement et les différentes positions sont marquées par des chiffres pour les retrouver facilement. Sous votre pouce gauche, le bouton d’activation du système de réduction de bruit est utilisable même lorsque le casque est éteint et inactif, c’est sympa pour certaines circonstances. On retrouve cette netteté des attaques, cette précision qui domine l’écoute et encore une fois, cette étonnante impression que le son est encore plus propre lorsqu’on active l’annulation de bruit. Celle-ci est vraiment impressionnante, comme toujours un peu plus performante dans les fréquences les plus basses mais tout de même diablement efficace globalement. L’ouverture sonore est évidemment plus marquée que sur le modèle AU-Flex, c’est l’avantage des casques. La propreté du grave rend l’écoute de certaines musiques (électro, reggae, hip-hop par exemple) beaucoup plus lisible qu’avec certaines machines à pistonner les infrabasses très célèbres sur ce marché. Ce qui ne l’empêche pas d’atteindre des niveaux de puissance élevés. Je dois dire que j’attends avec impatience le grand frère de ce AU-XT ANC, le AU-X (tout court) ANC. Tout comme le AU-Flex, il utilisera la technologie planar hybride, ce qui constituera une première mondiale pour un casque sans fil. Il est pour très bientôt et son tarif le mettra en concurrence avec les stars du marché du casque (399,00 euros ttc). Il va falloir qu’il assure, mais sur base de ce que nous venons de recevoir, nous sommes plutôt excités qu’inquiets…


Pour être complet, il faut aussi signaler la présence de plusieurs paires d’écouteurs sans fil “true wireless”. Je reprends cet article le lendemain et entretemps, nous avons reçu et testé les deux premiers de gamme, les AU Frenquency BT (49,90 euros ttc) et Frequency ANC (79,90). Ils sont franchement étonnants, puissants et clairs mais avec un côté un peu plus flatteur dans les basses. Ils se font très discrets et très légers et avec leurs étuis de chargement/rangement, proposent des autonomies de 30 et 25 heures respectivement (la réduction de bruit active coûte toujours un peu d’énergie). Ausounds débarque donc chez nous avec une gamme modeste en quantité mais ambitieuse et en se donnant les moyens de se frotter à une concurrence bien établie. Le genre de challenge qui nous plaît et que nous relevons avec plaisir !
