Historiquement, depuis l’apparition du home cinema, le suffixe C utilisé derrière la référence d’une enceinte désigne la voie Centrale, le fameux diffuseur plutôt plat et large, chargé d’émettre les dialogues et de renforcer les sons émanant de l’avant-plan de la bande-son d’un film. Attribuer ce suffixe à l’ensemble d’une série est un choix qui peut dérouter de prime abord. Chaque modèle, compact ou colonne, est défini par son numéro suivi d’un C. Q Acoustics justifie ce choix par le fait que l’innovation majeure de cette génération est l’utilisation d’un Continuous Curved Cone (cône à courbe continue) pour produire les fréquences basses et moyennes. Avec autant de C dans sa désignation, cette technologie légitime tout à fait l’emploi de cette lettre pour ponctuer les différentes références de la série. Mais qu’est-ce que cela change au fond?


Extérieurement, la disparition du cache-bobine saute aux yeux, son absence donne l’impression d’élargir la taille du cône même si la taille des composants basses-mediums n’a pas changé par rapport à la génération 3000i qui termine sa carrière. Par contre, pour ce qui est des mesures et des performances subjectives, il n’y a pas photo : tout est plus contrôlé, plus dynamique et plus propre. L’extension en fréquences est un peu améliorée, mais c’est davantage l’articulation du son qui progresse, tout comme la capacité à marquer les écarts dynamiques. La courbe sans discontinuité a forcé les ingénieurs à adopter un montage plus complexe et à doper la « motorisation » (l’ensemble aimants + bobine) si bien que la tenue en puissance et la maîtrise sur une plus large course du mouvement de piston de la membrane ont été largement bénéficiaires de cette évolution. Nous avions déjà évoqué cette technologie dans un article au sujet de la série 5000 dont elle dérivée. Sans égaler ces dernières, la série 3000C offre une amélioration flagrante par rapport à sa devancière la 3000i. Le tweeter n’est pas en reste, lui qui bénéficie d’un traitement étonnamment raffiné compte tenu de la catégorie de prix. Il est mécaniquement isolé du baffle support (montage flottant), hermétiquement protégé des vibrations interne car il est scellé, mais sa cavité est également décompressée pour lui permettre des déplacements sans résistance mécanique liée à la contre-pression. La conception ne laisse rien au hasard, comme en témoigne la rigidité structurelle de l’ébénisterie, renforcée par des tasseaux aux endroits critiques pour éliminer les résonnances et les toniques de caisse.
Les tarifs s’en ressentent forcément un peu mais de façon contrôlée, correcte et concurrentielle (je voulais absolument moi aussi placer 3 C à la suite) et il faut reconnaître que la qualité perçue a atteint un niveau irréprochable. Le style global n’a pas changé et c’est tant mieux, nous pouvons constater au quotidien à quel point il séduit à lui seul avant la moindre écoute. Les finitions ont cependant encore évolué pour arborer 2 peintures satinées très sobres et élégantes (noir ou blanc) ou deux finitions boisées (façon noyer sombre ou chêne clair) riches et nuancées. Les grilles aimantées découvrent une face avant encore mieux finie et il faut bien avouer que cette série 3000C respire la classe et que son design tout en courbe masque habilement ses dimensions pour nous les rendre plus compactes d’aspect qu’avec un mètre en main.

La série se compose de 3 modèles bibliothèque (je préfère dire compacts car seul le plus petit d’entre eux rentre dans notre étagère de présentation) et se distinguent par leurs dimensions extérieures ainsi que l’usage d’un boomer (HP de basse-medium) de taille de plus en plus importante et donc une ampleur dans les graves à l’avenant. Valant respectivement 379€, 499€ et 649€ la paire, les 3010C, 3020C et 3030C sont très bien « placées » sur le marché des enceintes compactes sérieuses mais raisonnables. La colonne 3050C (1099€) est également une 2 voies, mais elle est équipée d’un second boomer placé symétriquement au-dessus du tweeter dans une configuration dite d’Appolito, la seule configuration à double HP basse-medium qui permette une spatialisation parfaitement stable et ponctuelle. Elle bénéficie en outre d’un traitement particulier de sa cavité grâce à un résonnateur de Helmholtz qui améliore considérablement l’équilibre des pressions dans l’inévitable « tunnel » que représente une colonne pour l’air qui y circule, de manière particulièrement anarchique dans les basses fréquences. Cela prend la forme d’un tube qui force l’air à circuler de façon plus contrôlée, diminuant sensiblement les ondes stationnaires. Toutes les colonnes Q Acoustics utilisent cette technique pour favoriser la propreté et la linéarité dans cette région du spectre. Une enceinte centrale complète la série, la 3090C (379€) pour une parfaite homogénéité de timbres lorsqu’on développe un ensemble 5.1.
Q Acoustics ne fêtera ses 20 ans d’existence qu’en 2026 et on a pourtant l’impression d’avoir affaire à un fabricant avec un parcours bien plus long, comme en témoigne cette nouvelle itération de sa gamme d’accès. En effet, après les 1000, 1000i, 2000, 2000i, 3000 et 3000i, cette série 3000C est la preuve du chemin parcouru. Les créateurs de la marque ont travaillé d’arrache-pied pour amener leurs productions au meilleur niveau, se comparant sans problème aux cadors du marché tout en soignant comme jamais leur rapport prix-performances/séduction. Devons-nous le rappeler ? Aucun produit n’est susceptible de séduire universellement, ces Q Acoustics ne sont pas faites pour tout le monde, par définition. Mais si vous vous donnez la peine de les découvrir et qu’elles vous plaisent, vous aurez accès, pour un budget raisonnable, à de beaux et bons produits capables de vous tenir en appétit musical pour longtemps.
