Vous le savez, Naim ne fait pas partie de nos marques habituelles. Cependant, l’opportunité nous a été offerte récemment de nous frotter à un ensemble casque Focal et Naim Uniti Atom H.E. (Headphone Edition). Focal fait partie de notre sélection de produits et nous trouvons leur casques d’écoute remarquables à tout point de vue, au-delà de l’évidence du design, magnifique, et du confort, de haut niveau. Nous détaillons leurs dernières créations ici. Sachant que Naim et Focal ont uni leurs destinées depuis quelques années (2011 exactement), il était évidemment très tentant de tester ce que Naim a concocté de façon tout à fait personnalisée pour alimenter les casques haut de gamme de Focal.
Dans la série « on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même », il paraît évident que concevoir des produits main dans la main, conçus l’un pour l’autre, devrait aboutir à une synergie d’approche et de performance avec des bénéfices tant pour l’un que pour l’autre, mais aussi et surtout pour les futurs possesseurs d’une telle combinaison. C’est donc fort logiquement que l’expérience nous a été proposée. Et c’est maintenant à nous de vous la présenter. Nous n’étions pas encore très familier du Focal Stellia, produit haut de gamme, présentant certaines similitudes avec l’Utopia, référence ultime de la gamme, que nous connaissons mieux. L’Utopia est un modèle ouvert, le Stellia est un modèle fermé. Tous deux font usage de membranes en béryllium pur, matériau rare et délicat à travailler, mais dont l’utilisation a permis des merveilles aux ingénieurs Focal. Le Stellia est une réalisation qui transpire la classe, son design, ses matériaux nobles et doux au toucher en font un produit d’exception, on voudrait disposer d’un miroir en face de son fauteuil d’écoute… Oui je sais, j’exagère , mais il est vraiment très beau (plus beau encore que le Clear Mg ayant posé comme modèle pour illustrer cet article).


Mais venons-en au Naim Uniti Atom H.E. Dans son genre plus sobre, il est assez spectaculaire aussi : malgré sa taille assez compacte, il pèse 7 kilos. On comprend pourquoi, en observant l’épaisseur de ses panneaux d’aluminium massif et ses impressionnants radiateurs de refroidissement disposés latéralement. Surdimensionnés ? Il faut savoir qu’une version avec sortie d’amplification pour enceintes existe également, et que le châssis a été conservé tel quel même si la puissance dissipée vers un casque est évidemment sensiblement inférieure. C’est tout bénéfice pour la fiabilité, puisque la gestion de la température d’un appareil est déterminante à cet égard. Son bouton de volume rotatif, situé sur le dessus, est typique des réalisations de la marque, c’est-à-dire du genre surdimensionné, histoire de ne pas perdre de temps à le chercher sans doute. Il est intégré en creux dans la plaque supérieure et n’en déborde pas. Toute la face avant est occupée par une épaisse plaque d’Altuglas teintée de noir et polie, de sorte que l’afficheur n’apparaît au centre que lorsqu’on met l’appareil sous tension. Le choix du noir pour les parois et de lumières blanches pour les lettrages lumineux, les menus sur l’écran et le rétro-éclairage des boutons physiques donnent beaucoup de classe et de sérieux au produit. Il est possible de moduler l’intensité de cet éclairage en fonction de ses préférences ou de la luminosité ambiante. La couleur n’apparaîtra sur l’écran que lorsque l’on sélectionnera un contenu à diffuser dont le logo ou la pochette vous ôteront tout doute quant à sa capacité à afficher une jolie palette de couleurs. Un détail typiquement britannique? Ne cherchez pas le bouton de mise sous tension en haut à gauche comme il est d’usage, il a été placé à droite. Quant au bouton supérieur gauche, il sert à choisir entre les sorties casques frontales 6,35 mm classique ou 4,4 mm symétrique et la sortie XLR 4 broches disposée à l’arrière où elle jouxte les sorties audio symétriques gauche et droite destinées à préamplifier un bloc de puissance ou des enceintes actives. Des sorties asymétriques RCA sont bien entendu disponibles également. Tant qu’à décrire le panneau arrière, vous y trouverez également 3 entrées numériques (2 optiques toslink et une coaxiale digitale), une entrée USB-A pour y attacher un disque dur ou une clé USB, qui est doublée en face avant pour faciliter l’usage « à la volée ». Une autre façon de l’utiliser, quoique moins recommandée pour les amateurs de la qualité la plus élevée, est l’utilisation du Bluetooth (jusqu’au codec Apt-X HD). L’appareil est alimenté par un solide transformateur toroïdal qui serait capable sans problème d’alimenter une paire d’enceintes substantielle. D’ailleurs, c’est ce qu’il fait dans une autre version de l’appareil, destinée à cela, tandis que celle qui nous intéresse est entièrement dédiée à l’écoute au casque et à la pré amplification. Dans la série qui peut le plus peut le moins, on sait déjà qu’on ne pourra pas le mettre à genou quel que soit le casque utilisé.


Place à l’écoute : comme toujours, mais il est utile de le rappeler, on n’écoute jamais un produit seul, c’est une chaîne de produits par laquelle transite la musique. Certes, il s’agit ici d’une chaîne très simplifiée, à deux maillons, mais vu le niveau ahurissant d’acuité proposé par de tels produits il est bon de se souvenir que ce n’est pas plus un composant que l’autre qui « signe » la performance mais bien l’addition des deux : il faudra en changer un pour s’en convaincre ; et c’est bien sûr ce que nous ferons. Après avoir laissé l’appareil prendre sa température pendant quelques heures, j’ai décidé de commencer à l’écouter (en compagnie du Focal Stellia donc) et plutôt que de démarrer par une playlist entendue mille fois, je me suis dit pourquoi ne pas démarrer par les nouveautés Qobuz du dernier vendredi, c’est à dire par de nouveaux albums pour lesquels je n’avais aucune référence. Ce qui m’a d’emblée frappé une fois de plus, moi qui, je le confesse, n’écoute pas si souvent au casque, c’est le niveau phénoménal de définition de l’ensemble. Cela vous paraîtra sans doute la réflexion d’un néophyte plutôt que celle d’un vieux briscard de la hifi, mais j’assume, je suis, de loin en loin au gré de mes expériences casquées, subjugué par l’acuité, le détail « jusqu’à l’os » dont sont capables les bons produits destinés à cet usage. Pour être clair, ne rêvez pas, aucun système avec enceintes n’est capable de vous faire entendre les détails à ce point. Non qu’ils n’en soient pas capables, mais plutôt que le principe même d’une écoute « à distance » et influencée par l’espace d’écoute lui-même ne nous permettra pas d’entrer à ce point dans l’univers d’une prise de son. Trop d’informations seront perdues du fait de la distance et des modes de résonances de notre espace d’écoute. Sur ce point donc, impossible de faire mieux. Mais une écoute riche et émouvante n’est pas juste l’expression d’une profusion de détails. C’est leur organisation, le respect scrupuleux de leur importance relative, leur mise en espace fidèle et la qualité d’équilibre globale dans leur diffusion qui les agencera de manière à nous connecter à un artiste et aux sentiments qu’il a désiré exprimer et enregistrer. C’est pourquoi j’ai énormément apprécié d’être complètement vierge de toute impression préalable à l’écoute de ces nouveautés. La variété des ambiances, des partis pris en matière de prise de son en sautant d’un enregistrement à l’autre, depuis le magnifique dernier album de Yo-Yo Ma (les concertos pour violoncelle de Chostakovitch) en passant par Femi Kuti et son afro-beat/funk entêtant et jouissif, par l’album en concert de Sting (Sting 3.0) sur lequel j’ai glissé assez rapidement mais qui a le mérite d’être assez bien capté pour une prestation live, jusqu’à Willie Nelson qui malgré sa voix ou peut-être à cause d’elle me bouleverse souvent et bien d’autres choses encore… J’ai donc sauté du coq à l’âne et rarement j’aurai autant entendu autant de différences entre les sons, les lieux de prise de son, les balances sonores… mais à aucun moment je n’ai eu envie de baisser le volume ou de zapper en raison d’une sensation d’inconfort ou d’agressivité. Certes il y a un volume pour tout et certaines musiques s’apprécient plus volontiers à des niveaux moins ou plus élevés (je peux vous dire que pour Femi Kuti je n’ai pas été raisonnable mais pas trop longtemps), mais de manière générale, l’adaptabilité et la polyvalence du Naim Uniti Atom H.E. favorise la vôtre et vous rendent rapidement accro à ce plaisir légèrement coupable et déconnecté de vous enivrer la tête sans que personne autour de vous n’en sache rien (si toutefois vous utilisez un casque fermé comme le Stellia).
Puis je me suis mis à explorer certaines possibilités offertes par la radio internet et en cherchant selon le critère ‘haute définition’ proposé dans l’explorateur de l’App (Focal&Naim est son petit nom, qui l’eut cru) et je suis tombé sur des résolutions que je n’avais jamais rencontrées sur un lecteur réseau (autour de 4.500 kbps !). La radio par internet est une écoute que nous apprécions beaucoup à la Maison mais à ce niveau là non seulement elle peut rester la source de plaisir et de découverte qu’elle constitue mais au-delà, une vraie jouissance pas loin des meilleures plateformes de streaming. Mais j’ai l’air de vouloir insister sur la résolution du fichier lu alors qu’en réalité, sans nier son importance, c’est bien de plaisir que je veux parler et cet engin en distille tout au long du temps passé à son écoute. Même BBC3 ou Musiq3 qui présentent des fréquences d’échantillonnage plutôt basiques en sortent grandies et passionnantes à écouter. Comme quoi, souvent, ce ne sont pas les chiffres qui racontent l’histoire… Cette petite merveille est aussi capable, ne le perdons pas de vue, d’alimenter un ampli de puissance stéréo ou des blocs monophoniques (si possible reliés en symétrique avec des câbles XLR) pour former un couple de haut vol capable de donner vie à des enceintes acoustiques de très grande qualité. Ou bien encore d’alimenter des enceintes actives (avis aux possesseurs d’enceintes de monitoring haut de gamme, par exemple, au hasard, de marque Focal…)

Ce qui m’a frappé au final c’est que je n’en n’avais jamais assez, que je souhaitais écouter davantage, que ce soit avec le Stellia, le Clear MG ou bien les deux petits nouveaux Azurys et Hadenys, ce qui m’a évidement amené à sortir du cercle familial Focal-Naim. Le Sennheiser HD660S2 ou les Denon AH-D5200 et 7200 ont confirmé que la magie opère quel que soit le casque partenaire. J’ai aussi alimenté le Pier Audio MH-84SE, un merveilleux ampli-casques pur tube, et c’est épatant de constater à quel point la partie source du Naim est de très grande qualité : en effet, le Pier Audio produit une sonorité qui n’est en rien comparable, mais d’une profondeur et d’une finesse que je n’avais pas encore expérimentées avec lui. On retrouve les caractéristiques qui signent une belle écoute avec des tubes électroniques mais poussées vraiment loin en termes de propreté et d’espace sonore. Le contrôle et l’équilibre du Naim font des merveilles en amont. En revenant sur ce dernier, il est évident qu’il offre une plus grande maîtrise mais rien d’artificiel ou de froid. C’est un grand communicateur de plaisir musical, qui ne génère aucune fatigue. Capable en fait de convertir les réticents à l’usage du casque (dont je fais un peu partie comme expliqué plus haut… mais de moins en moins).
Franchement cette expérience est une très belle découverte, et c’est sans hésitation que nous avons décidé de vous la proposer à notre tour. Le Naim Uniti Atom Headphone Edition (2.599€ ttc) est dès à présent en démonstration au magasin. N’hésitez pas à venir le découvrir par vous-même, pourquoi pas avec votre propre casque, afin d’éprouver à quel point il peut vous épater bien plus encore que vous ne le pensiez.
