Ça va daller ! Et pas qu’un peu…

Oyez, oyez chers gentes dames et gentilshommes de nos clients présents et à venir ! Le temps est venu de porter à votre noble connaissance quelques nouvelles afin de faciliter, voire de favoriser votre passage gratifiant en notre humble boutique : en effet, Namur, notre belle ville de cœur sinon de naissance, a décidé, la coquette, de se faire encore plus belle, plus agréable à fréquenter, plus conviviale et plus en phase avec son temps. Et ce que femme veut, comme chacun sait… est suivi d’exécution. Le temps en est venu. Comme lors d’une opération chirurgicale, rendez-vous est pris longtemps, très longtemps à l’avance, au point qu’on peut avoir l’impression que ce temps n’arrivera jamais. Et pourtant, nous y voilà. Les années de grâce 2024, 2025 et 2026 marqueront une évolution définitive de notre façon à toutes et tous d’expérimenter le cœur de Namur. Les rides vont être comblées, les artères débouchées, la flore interne boostée, j’en passe et des meilleures.

Personne ne souhaite changer radicalement ses habitudes : le changement ce n’est pas rassurant, ça heurte, ça déconcerte, bref tournez le comme vous voulez, ce n’est pas confortable et notre petit confort, je l’admets le premier, c’est un peu comme notre petite pâtisserie du dimanche, ça récompense, ça rassure et ça fait du bien. Alors pourquoi changer ?

Parce qu’il vient un moment où, à force d’avoir erré, hésité, à force de s’être trompé surtout collectivement, nous nous trouvons dans une impasse. Je ne vais pas énumérer ici tous les griefs accumulés contre Namur, que nous les ayons formulés nous-mêmes ou qu’ils nous soient revenus à l’oreille, ils sont tellement évidents aujourd’hui, c’est inutile. L’impression générale, même en partie subjective, est que, pour les utilisateurs de Namur, touristes d’un jour ou deux peut-être mis à part, la ville devient presque infréquentable, difficile d’accès, pas rassurante, pauvrement dotée en commerces variés (une des grandes forces d’attractivité de la ville à une époque révolue) et, malgré la forte présence estudiantine, mortellement ennuyeuse en particulier le soir et les weekends (ça par contre, c’est de tous temps).

Imaginez-vous dans la peau des habitants du centre-ville. Ils sont nombreux, ils ont choisi (ou pas d’ailleurs, la vie n’offre pas toujours de choix dans ce domaine…) de vivre en ville pour tous les services qu’elle est supposée offrir à courte distance et pour pouvoir en disposer sans s’imposer l’usage permanent de la voiture. Et voilà qu’au fur et à mesure, ces services se délitent, le tissu commercial se détricote et les politiques de travaux au coup par coup, bien que parfois justifiables, déroutent dans tous les sens du terme les usagers de la ville, même si beaucoup n’y vivent pas. Tous ces gens aspirent à un apaisement de leur cadre de vie, espèrent une ville à la fois vivante et relax, à la fois élégante et sympathique, à la fois riche de son histoire et fière de sa place sur la carte du monde d’aujourd’hui. Elle est capitale d’une région et à ce titre elle doit être un phare, un pôle d’attraction pour plus d’habitants de tous âges et toutes provenances. Habiter Namur devrait devenir un must dans le futur, elle devrait être en mesure de faire douter de la pertinence d’une 4 façades dans la campagne environnante. Entendons-nous bien, chacun a le droit de choisir sa vie, son lieu de résidence, l’endroit où il croit mordicus que son nid sera le plus agréable à vivre. Ce que j’entends par ce qui précède, c’est qu’une belle ville comme Namur, équilibrée comme elle souhaite le devenir, devrait pouvoir constituer un puissant aimant pour de nouveaux résidents. Voilà pourquoi il était urgent de dire stop à l’évolution en cours ces dernières décennies. D’accord, tout plan comporte des failles dont certaines, par définition, ne seront mises au jour qu’a posteriori, c’est la loi du genre, mais on ne peut en tirer prétexte pour décréter le statu quo.

Cependant on le sait, la mise en piétonnier décrétée du centre de Namur ne se fera pas en un coup de baguette magique, mais bien à coup de pelleteuses, de pioches et de marteaux-piqueurs. Le plan est phasé et depuis la semaine dernière, c’est parti !

Imaginez-vous dans la peau d’un commerçant à présent, disons le gestionnaire d’une boutique de matériel haute fidélité : pensez-vous une seconde que cette transition nous laisse indifférents, Jérémy et moi-même? Bien au contraire, elle nous inspire des craintes énormes, des doutes considérables mais aussi de l’espoir et de l’enthousiasme. Des sentiments forts et contradictoires. En 2025, ce sera notre tour, un chantier de 150 jours ouvrables (en gros huit à neuf mois) ne laissera en place rien de ce que vous avez connu. De façade à façade, d’un côté à l’autre de notre rue et des rues adjacentes, tout sera arraché et remplacé. Conséquences : des difficultés d’accès tant pour vous que pour nous et nos fournisseurs, une saleté permanente des mois durant, une fréquentation inévitablement en baisse, franchement nous comprenons aisément tous ceux qui ont jeté l’éponge a priori et qui, s’ils en ont eu les moyens, ont choisi d’émigrer sur les hauteurs, là où les chaussées permettent un accès aisé et un parking à toute proximité. Mais eux c’est eux et nous c’est nous. Nous sommes situés au cœur de Namur par choix, un choix posé à une autre époque certes, mais nous en sommes fiers et nous l’affichons volontiers sur notre site internet, notre logo et nos cartes de visites. Nous avons conscience de participer à la diversité de l’offre commerciale de qualité à Namur depuis bientôt 30 ans et nous continuerons à nous en faire un devoir malgré les inévitables difficultés qui vont surgir. Pourquoi?

Parce que cette Maison de la Haute Fidélité est devenue depuis longtemps notre maison, ce n’est pas qu’une enseigne, c’est également un lieu, comme un foyer où il fait bon vivre et qu’à ce titre elle nous est chère au cœur. Ce mot Maison n’a pas été choisi au hasard et nous espérons que vous la sentez parfois aussi la vôtre. Si le choix nous en est laissé par les circonstances, nous ne souhaiterions pour rien au monde l’abandonner pour tenter notre chance ailleurs. Mais ceci n’est qu’une partie de l’explication. Passer la moitié de sa vie au cœur d’une ville, c’est aussi en apprendre les habitants, les voisins, les petites manies des uns et des autres, les commerçants proches, toute cette convivialité informelle qui épice notre quotidien et qui est très difficile à retrouver le long d’une nationale périurbaine. Et puis, imaginez-vous, un centre-ville, non pas silencieux, mais débarrassé du trafic automobile une bonne partie de la journée et bruissant de tout ce que ce dernier vous cache, les conversations, les rires, les oiseaux qui chantent, la musique qui s’échappe d’une fenêtre ouverte… Nous avons tous expérimenté cet agréable brouhaha dans d’autres villes, chez nous ou à l’étranger, c’est tellement plaisant lorsqu’on en profite le temps d’un après-midi de visite ou de shopping ! Imaginez alors le plaisir éprouvé par les résidents du centre dont c’est l’environnement permanent… Actuellement et depuis des années, pas une journée ne se passe sans que les propriétaires de bolides (dont la puissance est inversément proportionnelle à celle du petit organe… qui leur sert à penser le monde) ne fassent cirer leurs pneus en redémarrant en trombe au coin de notre rue, au mépris de la limitation à 20 km et du droit des piétons à traverser où bon leur semble. C’est bruyant, c’est polluant, c’est dangereux et incivique pour le dire diplomatiquement (ce n’est pas l’envie qui manque de le dire autrement) mais c’est bientôt fini. Et nous ne sommes ici que de 10h00 à 18h00, alors imaginez les pauvres résidents du centre-ville…

Alors, sommes-nous prêts à souffrir pour cet objectif ? Sommes-nous disposés à sortir de nos habitudes confortables parce qu’acquises et à nous laisser bousculer pour un objectif dont nous considérons qu’il est supérieur sur le plan collectif ? Je ne parle pas que de nous deux mon cher Jérémy, je veux dire sommes-nous tous autant que nous sommes capables d’accepter pour Namur ce que nous adorons à Maastricht, à Gand, à Colmar ou à Aix-la-Chapelle? Quitte à en baver un peu dans l’entre-deux? L’adaptation est la clé de l’évolution si l’on en croit la biologie, alors plutôt que subir les changements en se recroquevillant, autant les accompagner en souplesse, ce sera sans doute moins douloureux. Mais qu’entendre par là ?

Faire preuve de souplesse sera en effet sans doute pour nous le maître-mot. Cela signifiera certainement se rendre davantage disponible pour nous rendre chez vous lorsqu’il vous sera impossible de nous rejoindre pour enlever votre commande, ou pour discuter d’un projet. Cela pourra aussi prendre parfois la forme d’une livraison directe depuis le stock de notre importateur vers votre domicile, nous avons déjà des contacts en ce sens. Prévoir un système de visio-conférence est une piste envisageable qui nous permettrait de vous montrer des produits ou des finitions à défaut de vous les faire entendre déjà. Rappelons que rien ne remplacera jamais l’expérience de la comparaison directe des produits que vous envisagez. Cependant si, par conviction ou parce que votre choix est posé de longue date en attendant que les fonds nécessaires soient disponibles, vous souhaitez commander sans repasser par le magasin, toutes sortes d’arrangements sont possibles pour vous éviter cette peine. Par ailleurs, nous mettrons à votre disposition des tickets de parking qui vous permettront de stationner gratuitement au parking de l’hôtel de ville, situé à toute proximité. Ce ne sont que des exemples, surtout destinés à passer le cap de la partie la plus difficile, c’est à dire la période des travaux proprement dits, mais vous le savez, ces travaux modifieront à tout jamais l’accessibilité du centre-ville tel que l’avez connu. Et pour la suite ?

Projetons-nous en 2027, ce n’est plus si loin. Je ne vais pas ici détailler toutes les mesures et toutes les contraintes imposées pour l’usage du piétonnier. La ville a mis en place un site internet dont voici le lien. Il suffit de savoir que l’accessibilité en voiture jusqu’à notre porte pour charger ou décharger sera autorisée jusqu’à 11h30 le matin et à partir de 17h30 le soir. Et qu’entre ces deux moments, tout le centre ville sera calme, sûr, embelli et propice à la convivialité. Cela signifiera aussi pour nous plus de silence pour les moments de démonstration et la possibilité par beau temps d’ouvrir la porte pour profiter des aménagements et aérer sans se précipiter illico pour la refermer tant l’air est irrespirable et le bruit de la circulation désagréable.

Il y a tant de choses à dire sur cette transformation, je n’ai même pas abordé ici le futur centre commercial côté gare. Certains pourraient penser qu’en bons commerçants indépendants nous y sommes défavorables et bien qu’ils se détrompent, la place d’un tel centre est précisément au cœur de la ville pour que tout le monde en profite et qu’il profite à tout le monde. D’autres projets immobiliers sont en train d’aboutir comme celui qui prendra place à côté de chez nous à la place de l’ancienne banque Fortis, rasée à présent. Un peu plus loin, le site des Célestines est à présent terminé et ce n’est pas tout… Ce que j’y vois de positif, c’est que Namur figure désormais en très bonne place sur la carte des promoteurs immobiliers et que des centaines d’appartements neufs, érigés sur différents sites très proches du centre vont accueillir de nouveaux namurois dans les prochaines années. Je suis convaincu que le piétonnier n’est pas pour rien dans cette nouvelle attractivité, pour les promoteurs comme pour les futurs occupants. C’est entre autres grâce à toute cette nouvelle population, conquise par son charme traditionnel et ses nouveaux aménagements, que Namur se rééquilibrera en son centre, redevenant attractive et vivante. Et quand ce sera le cas, certains feront la file en quête d’un local commercial pour profiter de Namur 2.0.

Nous pas, car nous ne l’aurons jamais quittée. Cela n’aura sans doute pas été sans mal, mais nous serons heureux de débarquer à la Maison chaque matin pour vous accueillir et vous servir en toute convivialité dedans comme dehors !

Nous reviendrons plus en détail sur certains points précis concernant l’accès au magasin et les solutions que nous proposerons pour vous faciliter la fréquentation de notre boutique, pour laquelle nous ne vous remercierons jamais assez. Si tout va bien, notre zone sera la première libérée de son chantier à l’automne 2025 et nous pourrons fêter notre trentième anniversaire dans un calme tel que nous nous entendrons souffler les bougies dehors comme dedans…