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Atoll SDA300 Signature : pas moins que le strict maximum

Atoll Electronique n’est probablement plus une marque inconnue pour vous depuis un bon moment si vous avez un certain intérêt pour le monde de la haute fidélité. Ce dont je ne doute pas puisque vous avez atterri sur ce blog. Cette société française a été créée en 1997, ce qui lui fait d’elle une société adulte et expérimentée mais aussi jeune et fringante, au fond un peu comme la Maison de la Haute Fidélité, de deux ans son aînée… (c’est connu, on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même).

Le design et la philosophie électronique et acoustique qui le sous-tend n’ont guère varié depuis leur début et de notre point de vue il s’agit là d’un compliment : cela signifie qu’ils ont vu juste dès le départ, sur le fond comme sur la forme, et qu’en raffinant un concept au fur à mesure plutôt qu’en le bouleversant, ils ont sans doute avancé plus vite et plus loin que des sociétés concurrentes.
De nos jours, leur gamme est remarquablement cohérente, offrant à la fois une unité d’approche et une diversité remarquable de solutions pour tout un chacun : difficile de reconnaître un amplificateur intégré d’un préamplificateur, un lecteur de CD entrée de gamme d’un modèle plus ambitieux si ce n’est en s’approchant pour consulter leur sérigraphie. Le panachage est donc très facile, selon vos priorités et le budget que vous avez décidé d’y consacrer. Vous aurez toujours la possibilité de raffiner ou de monter en gamme ou en puissance sans sacrifier l’unité esthétique ou fonctionnelle de votre système.
Mais ce foisonnement de produits complémentaires ne convient pas à tout le monde, l’empilement n’est pas toujours possible et nos amis d’Atoll en sont parfaitement conscients. Dans un premier temps, ils ont conçu un merveilleux système plus compact que nous adorons et que nous conseillons chaleureusement depuis qu’il est disponible. Cependant, même en réduction, il s’agit toujours là d’un empilement de composants, malgré une empreinte plus modeste. Et c’est donc très naturellement que la marque Normande a décidé d’offrir à ces clients la possibilité d’acquérir des “tout en un”. Le lecteur de CD reste une option extérieure et c’est tout à fait logique selon nous. De un, il aurait été problématique techniquement de l’intégrer en respectant leur standard élevé de qualité et de deux, cela aurait limité le public cible de tels appareils dont une partie non négligeable n’utilise plus ce support. C’est donc le meilleur, le plus puissant et le plus récent qui fait l’objet de cet article, le SDA300 Signature.

440×365×103 mm pour un poids de 19 kg sur la balance, c’est extrêmement dense mais aussi remarquablement compact. Ah ben dites donc, ce mec est un vrai poète, il nous vante les cotes et le poids de sa dernière bécane, c’est d’un raffinement ! J’admets, c’est très peu romantique mais si j’insiste sur ce premier détail, c’est parce qu’il est tout à fait exceptionnel de réunir tant de qualité, de musicalité et de puissance dans un si faible encombrement. Ce n’est d’ailleurs pas une exception au sein de la gamme, ses mesures hors tout sont tout à fait classiques, voire déjà importantes pour Atoll. Mais c’est essentiel parce que les passionnés de musique qui ne veulent pas s’encombrer sont certains de pouvoir caser ce type d’appareil dans n’importe quelle armoire standard ou sur n’importe quelle étagère sérieuse. Trouver un appareil de 2 x 150 watts rms (ou véritables si vous préférez) prenant si peu de place n’est pas chose aisée. Bien sûr, les nouvelles technologies comme la classe D ont permis l’avènement de produits ultracompacts puissants, mais Atoll Electronique n’emploie pas ce genre de modules et travaille “à l’ancienne”, sans lésiner sur la qualité des composants. Cela rend leurs boîtiers étonnamment modestes en terme de dimensions, si pas de poids. À propos de modestie, venons-en à l’apparence du SDA300 Signature. C’est en effet la discrétion qui caractérise généralement les produits de la marque. La qualité de fabrication est évidente lorsqu’on considère la machine de près, mais comme il est d’usage chez ce fabricant, la présentation semble nous dire: “vous savez, la star, ce n’est pas moi. Je ne suis que l’intermédiaire, le messager, et je m’efface devant la musique. Les stars, les divas, les légendes, ce sont les artistes”. Le choix d’un acier de 8mm pour la face avant reflète une belle solidité, mais la matité du brossage ne crée aucun reflet et n’attire pas la lumière. Nous apprécions particulièrement la version noire de cette référence car l’écran central, en particulier lorsqu’il est éteint, reste discret. Mais même sous tension, lorsqu’il s’illumine, nous aimons le fait que le fond noir reste en harmonie avec la finition. L’autre finition en acier naturel valorise davantage l’épaisseur et la nature du matériau. Atoll permet à l’utilisateur qui trouverait le display distrayant de l’éteindre même en fonctionnement. D’une dimension suffisante pour une lecture aisée à distance d’écoute, du moins pour votre serviteur dûment chaussé de ses bésicles, il est illuminable sur 3 niveaux en fonction de l’intensité de l’éclairage dans la pièce d’écoute. Il permet de visualiser en détail les pochettes des albums diffusés depuis votre plateforme préférée ou votre bibliothèque dématérialisée personnelle, ou encore les logos des radios internet. Les détails sur les débits et les compressions sont également affichés pour ceux qui aiment pouvoir les vérifier.

De part et d’autre de cet afficheur, deux potentiomètres de grande dimension et d’exquise manipulation vous permettent de régler allumage, extinction et volume pour l’un et sélection de source/navigation pour l’autre. Un petit bouton discret sert de retour et symétriquement disposé par rapport à lui, un port USB-A vous permet d’insérer clé ou disque dur en accès direct. Et c’est tout… Quand je disais sobre, ce n’était pas exagéré. Mais vous l’avez compris, derrière cette sobriété se cache une ergonomie poussée, vous autorisant tous les types de manipulation, via les boutons physiques, la télécommande très complète et bien entendu l’App Atoll Signature, récemment et joliment rafraîchie. Cet appareil est également muni d’entrées lignes (2), d’entrées (4) et sorties (2) numériques coaxiales et optiques, d’une sortie de pré amplification pour ceux qui considèreraient que 150 watts ne feraient pas l’affaire ou pour ceux probablement plus nombreux qui souhaiterait connecter un caisson de grave. L’indispensable connexion Bluetooth complète les possibilités déjà très complète du SDA300 Signature. Indispensable? Oui sans conteste de mon point de vue, je m’explique : à ceux qui souhaiteraient légitimement connecter leur téléviseur afin d’enrichir leur expérience du SDA300 et pourraient lui reprocher de manquer d’une entrée HDMI comme c’est de plus en plus l’usage, je voudrais profiter de cette parenthèse pour vous procurer un retour d’expérience d’autant plus intéressant qu’il émane d’un maître du terrain, installateur patenté et extrêmement expérimenté. Les fonctions Smart des TV d’aujourd’hui et leur cortège d’App telles Netflix, Disney+, Amazon Prime… qui nécessitent des mises à jour quasi permanentes ont des conséquences non négligeables sur la transmission des données audio via HDMI et même plus récemment via les sorties optiques réputées moins capricieuses. Entre les mises à jour des App elles-mêmes, de l’OS du téléviseur et de l’appareil récepteur, les dysfonctionnements ou les incompatibilités sont de plus en plus fréquents. Et tout compte fait, le Bluetooth qui ne présente plus de latence dans ses dernières évolutions et qui supporte des niveaux de compression de moins en moins pénalisants s’avère constituer une excellente solution fiable et qualitative au cas où de tels problèmes se feraient jour dans votre expérience quotidienne. Par ailleurs pour ceux qui souhaiteraient explorer les possibilités infinies offertes par YouTube, et qui n’ont pas de téléviseur à proximité, cette connexion Bluetooth constituera une excellente solution. Je ferme la parenthèse…

… Pour ouvrir le capot et observer les entrailles de la bête. Les deux transformateurs d’alimentation font 440 VA chacun(!) et Les capacités de filtrage totalisent presque 66.000 µF, vous comprenez les 150 watts et les 19 Kg ? Chaque transistor de puissance mos-Fet (6 par canal) dispose de son logement distinct avec un double déploiement d’ailettes de refroidissement indépendantes de celles de son voisin. La carte numérique (réseau et DAC) est située sur un plan plus élevé que celui du circuit principal pour interagir le moins possible sur la pré amplification qui fonctionne en pure classe A. Beaucoup de monde donc dans cet espace modeste, mais beaucoup d’aération néanmoins dans l’implantation qui privilégie une disposition la plus symétrique possible renvoyant les canaux gauche et droit le plus loin possible l’un de l’autre. C’est propre, aéré et intelligent, c’est la méthode Atoll et cela s’entend : cet appareil distille la musique de manière aérée et intelligente, j’y viens.

Allez, il est temps en effet, pour ceux qui ont tenu le coup jusqu’ici, d’aborder ce qui fait qu’on s’attache à ce bloc de métal et de tôle, qu’on s’attarde sur cet Atoll, qu’il joue en sol ou en mi-bémol. Du ciel au sol, de l’éther aux tréfonds de n’importe quelle partition, il est un véritable maestro ! Une électronique peut-elle être intelligente ? Je ne parle pas ici de sa conception, mais de sa manière de vous faire appréhender la musique. Notre avis est que, comme toujours, c’est le facteur humain qui est essentiel. C’est parce que les hommes derrière les machines sont sensibles et intelligents que leur création exsude les même qualités. Tel un chef d’orchestre rigoureux, en maîtrise et en même temps passionné et fougueux, le SDA300 Signature organise la musique dans un espace très ouvert en largeur comme en profondeur, dont les premiers plans sont remarquablement ciselés et denses, offrant une proximité troublante avec la matière et les timbres des voix et des solistes. Tandis qu’à l’arrière-plan le fourmillement miraculeux d’informations dynamiques et spatiales posent des limites qui semblent provenir du lieu de la prise de son plutôt que des limites physiques des enceintes ou de votre pièce d’écoute. On ne répétera jamais assez à ce sujet, que fermer les yeux ou tamiser la lumière en écoutant la musique permet au cerveau de s’affranchir des informations qui contredisent la réalité perçue par vos oreilles et qui sont pourtant bel et bien présentes dans les enregistrements. On n’a pas toujours la possibilité de se laisser aller à cet abandon, on peut se sentir un peu plus vulnérable en renonçant à regarder mais pour ceux qui n’ont pas cette habitude, tenter l’expérience est souvent une révélation.

J’évoquais plus haut le fourmillement d’informations retranscrites par l’appareil, il s’agit là d’une qualité typique des électroniques bien conçues et privilégiant la transparence. La puissance dont est capable cet engin n’est bien sûr pas pour rien dans ce foisonnement de nuances et d’explosions dynamiques. La moindre inflexion, tout comme les transitoires les plus fulgurants, ressortent à leur place dans l’espace et dans leur juste proportion, ténus mais parfaitement audibles ou explosifs, mais tout en contrôle. Ce qui est remarquable au sujet de l’évolution du son Atoll, c’est qu’au plus ils ont raffiné leur concept, au plus le son est devenu vivant et réaliste et au plus la sensualité, la matière organique est ressortie offrant un équilibre miraculeux (c’est la deuxième fois que j’utilise ce mot mais je n’en vois pas d’autres) entre le fond et la forme, le cœur et l’esprit, la construction et l’âme de la musique. Exactement comme un chef qui est capable à travers un grand orchestre de vous livrer une interprétation qui illustre parfaitement la globalité du discours musical tout en vous faisant entendre ses inflexions les plus subtiles ou les plus spectaculaires. Un produit aussi équilibré et généreux peut être associé à des enceintes exigeantes et/ou imposantes sans le moindre problème, mais nous avons aussi été épatés par sa capacité à faire ressortir le meilleur d’enceintes plus modestes en proportion, si pas en ambition. Ce produit vaut un peu moins de 4.000€, ce n’est donc pas un produit qu’on commandera à la légère, mais sa souplesse, son énergie à toute épreuve et sa qualité de conception en feront un compagnon à la fois fiable et magique pour un long cheminement musical. Il est à noter qu’une version SDA200 est disponible pour 900€ de moins, équipée de la même manière et déjà très solide (2 x 120 watts). Et pour les plus exigeants un ensemble amplificateur IN300 et lecteur réseau séparé ST300 représentera l’ultime sophistication, entre autre grâce au fonctionnement 100% symétrique des circuits (budget pour les deux appareils: 5.898€).
Voilà pourquoi je vais une dernière fois utiliser le mot miraculeux : c’est en effet ce qui caractérise parfaitement le rapport prix-performance de notre ami le SDA300 Signature. Et c’est d’autant plus fort qu’il est fabriqué en France, avec un maximum de composants de même origine. Proposer un produit haut de gamme à ce tarif très correct est une preuve d’intelligence dans la conception et d’élégance respectueuse dans l’approche des utilisateurs/consommateurs que nous sommes.
Merci Messieurs Dubreuil !