À l’occasion de la sortie des Marantz Model30 et SACD30n, nous avons envie de vous parler de la manière dont Marantz articule sa gamme stéréo, depuis le tout-en-un Melody Media X (MCR-612) jusqu’aux équipements haut de gamme les plus ambitieux. L’occasion d’une espèce de test transversal qui démontre que ce constructeur sait ce qu’il veut faire et maîtrise les moyens pour y parvenir.
On pourrait parfois avoir l’impression qu’un fabricant ronronne quand il se « contente » de modifier, de temps à autre, l’itération de ses appareils. Par exemple la série 6000, le cœur de gamme de la marque, récompensée quasiment à chaque génération par la presse spécialisée, a été récemment rebaptisée 7, donc PM6007 pour l’amplificateur intégré et CD6007 pour le lecteur CD, suivant donc les générations précédentes, 6006, 6005, 6004… Comme de surcroît, rien ne change dans leur aspect extérieur, l’impression que l’intérieur n’a pas ou guère évolué est assez logique. Or rien n’est moins vrai !
C’est pour cette raison que l’aspect profondément retravaillé de la nouvelle série 30 nous a immédiatement enthousiasmé. Il correspond à une volonté affichée de marquer la différence et la tradition tout à la fois et se veut le reflet de changements assez radicaux et audacieux.
Ce sont les PM 10 et SA 10, les porte-drapeau (8000,00 et 7000,00 euros respectivement) qui ont constitué les références ultimes et qui ont consacré ces changements techniques. Le célèbre et regretté Ken Ishiwata, ingénieur inspiré et profondément mélomane, a jusqu’au bout remis systématiquement à plat les acquis et insufflé des idées fraîches et novatrices aux équipes de développement qu’il a encadrées pendant plusieurs dizaines d’années au sein de la firme. Il a assez récemment encore signé deux appareils de référence en guise d’adieu, les superbes PM et SA KI Ruby. Et ce sont précisément des versions très proches de ces appareils que Marantz vient d’introduire cet automne. Pour ne pas vous assommer de technique, nous dirons simplement que l’amplificateur Model 30 est en quelque sorte un demi-PM10 et que le SACD30n est à peu près un SA KI Ruby augmenté d’un lecteur réseau intégré. Le choix de Marantz de maintenir des amplificateurs 100% analogiques et d’étendre aux lecteurs CD toutes les possibilités de musique sous forme dématérialisée est un choix très logique de notre point de vue. On le retrouve à un niveau plus abordable avec les fantastiques PM8006 et ND8006 qui ont cent fois mérité leur titre d’ensemble hifi européen de l’année.
Bien entendu Marantz se devait de proposer des produits encore plus abordables et a donc pris d’autres décisions, opté pour d’autres compromis en intégrant la possibilité d’une connexion au réseau sur des amplificateurs comme les PM7000N, NR1200 ou encore sur le tout en un MCR-612. Mais ces compromis sont tellement bien dosés qu’ils débouchent sur des appareils à la musicalité intacte et au rapport qualité-prix remarquable.
Revenons aux derniers arrivés en magasin, les Model30 et SACD30n : il faut l’avouer, depuis le déballage jusqu’au branchement et à la première « mise à feu », les waouh et les oufti étaient les seuls sons audibles dans le magasin. Ensuite, un peu par facilité, un peu pour ne pas être déçus, nous avons branché les câbles d’enceintes qui étaient raccordés sur une paire de Triangle Borea BR08, superbe produit modestement tarifé (899,00 euros la paire) et à priori pas le partenaire naturel ou disons plutôt, la catégorie naturelle pour l’ensemble Marantz qui vise plus haut. Et là, croyez-nous, si les enceintes étaient dotées de la parole, elles nous auraient dit tout de go « Par Apollon , dieu de la Musique, j’ignorais que j’étais capable de chanter comme cela…! » En effet, nous les avons bien dans l’oreille, car nous avons longuement rodé notre modèle de démo récemment, et elles ont étés propulsées dans la stratosphère musicale instantanément. Comment est-il possible qu’une enceinte certes très bien née mais aussi modeste sans vouloir la rabaisser le moins du monde puisse produire un son aussi vaste, aussi profond avec autant de détails et de finesse, avec un impact aussi jouissif ?
La réponse est toute simple : alimentez-la comme nous l’avons fait avec un ensemble de cette trempe… Mais ce conseil est une petite boutade bien sûr. Comme évoqué plus haut, cette association n’est pas évidente et personne sans doute ne la mettra en œuvre en raison d’écarts de tarif excessifs entre les électroniques et les enceintes. Il s’agit simplement d’évoquer le niveau extrêmement élevé de cet ensemble haut de gamme (3000,00 euros chacun) et de son apport exceptionnel dans ce cas de figure testé un peu par hasard. L’occasion aussi de se rappeler qu’un système haute fidélité réussi n’est pas nécessairement le fruit d’une répartition équilibrée de son budget. En parlant de budget justement, nous évoquions plus haut les PM8006 et ND8006. Ces deux produits proposés à 1200,00 euros pièce sont plus classiques visuellement et techniquement moins sophistiqués, moins exclusifs que l’ensemble 30 mais présentent la même démarche avec un amplificateur tout analogique et un lecteur CD/réseau/DAC totalement dédié au numérique sur CD ou dématérialisé. Moins sophistiqués techniquement peut-être mais indigents, certainement pas. On sent à leur écoute le coffre, l’ampleur et une grande finesse doublée d’une douceur typique des produits Marantz, une qualité qui rend l’écoute si confortable que vous pourriez ne jamais vous arrêter…
Et si la lecture des CDs ne fait pas ou plus partie de vos habitudes? Marantz propose une solution magnifique sous la forme du PM7000N (1200,00 euros). Le suffixe N (network) indique l’intégration d’un module réseau compatible multiroom de très bon niveau dans un amplificateur à peine moins puissant que le PM8006. Quelques entrées numériques complètent son ouverture vers le digital et il suffit de quelques instants pour comprendre que le caractère musclé mais surtout riche, souple et très « remplissant » est bien là, au service de toutes les musiques.
Si vous vous dites, très bien tout cela, mais j’espérais m’en tirer pour un budget plus raisonnable et de plus, j’aimerais connecter ma TV, ma console, mon lecteur BluRay… en plus de ma platine, de mon smartphone, de mon PC… Là aussi la réponse peut être simplement stéréophonique si vous ne désirez pas développer un ensemble surround. Le NR1200 est archi complet, suffisamment puissant pour toutes les associations et bardé de connexions physiques (HDMI, phono, optique et coaxiale digitale, RCA, bluetooth, réseau Wifi ou filaire, USB, subwoofer). De quoi vous permettre des branchement pléthoriques et ne jamais vous laisser à cours. Mais surtout, pour 699,00 euros vous expérimenterez les qualités typiques évoquées plus haut, dans un dispositif pourtant techniquement assez différent car il est emprunté aux amplificateurs home-cinéma de la marque. C’est toute la force d’un fabricant qui maîtrise son sujet : arriver à transcender les différences de plateforme ou de technologie pour y injecter son ADN, son grain musical typique qui vous émeut si vous y êtes sensible et qui vous garantit une expérience fascinante quel que soit le bout par lequel vous abordez la gamme.
Parlons de deux derniers produits, précisément au début de la gamme Marantz : le Melody Media MCR-412 (499,00 euros) ou 612 (699,00 euros) qui diffèrent par la présence ou pas du fameux module réseau multiroom. Ces tout-en-un très compacts incorporent un amplificateur capable d’alimenter deux paires d’enceintes (une rareté dans le monde des mini-chaînes), un lecteur CD, la radio FM/DAB+, la réception bluetooth, des entrées analogiques et optiques et éventuellement le fameux module Heos wifi ou filaire pour élargir vos horizons à la musique en ligne. Ces deux produits sont totalement convaincants, raffinés et chaleureux, pour peu qu’on ne leur demande pas de sonoriser une salle de bal. Ils sont suffisants pour une très large gamme d’usage et procurent une expérience très supérieure à ce qu’on espère d’une chaîne si peu envahissante.
