Ca y est, vous avez (re)trouvé la perle rare en matière de tourne-disques, véritable petit bijou se fondant parfaitement dans la décoration de votre salon, et surtout, vous permettant de profiter pleinement de votre collection de disques ! Mais seulement voilà, après quelques semaines, voire quelques mois d’écoute, vous vous demandez si vous n’auriez pas dû acquérir une platine neuve plutôt qu’une d’occasion, ou bien opter pour une platine plus haute en gamme que celle sur laquelle vous avez jeté votre dévolu, parce que vous êtes à la recherche d’un son encore plus précis, profond, détaillé, chaleureux. En effet, vous auriez pu. Ou pas.
Rassurez-vous, il n’est pas nécessaire de changer d’appareil pour obtenir ce que vous désirez ; en effet, il vous est possible d’améliorer facilement la façon de jouer de votre platine vinyle en changeant certains de ses éléments ou en utilisant des accessoires adaptés, sans pour autant vous fâcher avec votre banquier et, contrairement au système présenté sur la photo d’en-tête de cet article, sans devoir compliquer exagérément votre installation.
Pour illustrer ces propos, nous avons mis la main à la pâte. Sur l’excellente platine Debut Carbon EVO du fabricant autrichien Pro-Ject Audio, nous avons testé divers accessoires lors de l’écoute du disque “The Nightfly” de Donald Fagen. Cette platine était branchée sur le préampli phono intégré du Rega io.
La feutrine de laine fournie par le fabricant est en place, la liaison phono entre la platine et l’ampli est assurée par le câblage fourni par Pro-Ject, le disque de Donald Fagen un peu trop poussiéreux fait un passage obligé sous la brosse antistatique. C’est parti.
D’emblée, et sans trop de surprise, le résultat est au rendez-vous. Pas étonnant, la cellule Ortofon 2M Red montée d’usine sur la platine, associée à son bras en carbone et à l’étage phono canon du Rega io forment un ensemble explosif, débordant d’ampleur, de présence et de dynamisme.
Le recouvrement de plateau est un élément important, à placer sous le disque lors de la lecture. Il sert à protéger le plateau, le disque, à stabiliser ce dernier, et surtout à faire disparaître l’électricité statique pouvant parasiter l’écoute. Lorsque nous retirons la feutrine de laine et que nous la remplaçons par un recouvrement en liège, la différence est impressionnante. On gagne clairement en profondeur et en amplitude. Plus épais, plus stable, plus à même encore de neutraliser l’électricité statique, il constitue une première optimisation non négligeable. Dans le même ordre idée, son équivalent en cuir fait un travail similaire, apportant peut-être encore un peu plus de chaleur à l’écoute. Tout cela sans vous ruiner ; le Pro-Ject Audio Cork It est proposé à 20€, et le Leather Mat de chez Argon Audio à 39€. Autre solution, le Pro-Ject Audio Cork & Rubber It, mélange de liège et de caoutchouc, disponible en version 1 ou 3mm d’épaisseur, à respectivement 39,90€ et 59,90€.
Le plateau, sans lequel une platine vinyle ne saurait fonctionner correctement, est un élément-clé dont le matériau de fabrication a beaucoup d’importance.
Celui de la Debut Carbon EVO est en acier, rembourré sur son pourtour interne afin de neutraliser les résonances, et constitue déjà un choix d’excellente qualité.
Pro-Ject et Rega proposent sur certains de leurs modèles des plateaux en verre transparent, constituant une amélioration apportant de la clarté au rendu musical, et de l’inertie grâce à leur poids généralement plus élevé qu’un plateau en mdf ou en résine phénolique. Le tout avec un look très classe, bien entendu.
Autre possibilité, les plateaux acryliques, plus légers quant à eux, ne nécessitant pas de recouvrement, et apportant de la transparence et de la dynamique à l’écoute. Prix de cette optimisation : de 99€ à 179€, dépendant du modèle de platine Pro-Ject que vous utilisez.
Second test et apport non négligeable, le palet presseur, ou poids stabilisateur. Il en existe de plusieurs factures, diverses finitions et poids variés, mais le concept reste identique, on le positionne au centre du plateau, sur l’axe de rotation. Le poids de l’accessoire va aplanir le disque vinyle en le plaquant contre le plateau et aura pour effet de parfaire le positionnement de l’aiguille dans la lecture du microsillon, avec une stabilité accrue. Résultat : du détail et de la précision supplémentaires, l’impression nette que le volume global augmente, qu’on entend beaucoup plus de choses. On a encore plus cette sensation tellement agréable que les musiciens sont avec nous dans la pièce.
Prix de cette optimisation, 44€ ou 50€ (en fonction du modèle et du poids) chez Goka, 99€ pour le Clamp It de chez Pro-Ject Audio.
Votre platine intègre peut-être une préamplification phono d’un très bon niveau, l’entrée phono de votre amplificateur a beau être d’une qualité exceptionnelle, l’utilisation d’un préampli phono externe est dans la plupart des cas une optimisation intéressante.
En fonction des composants et technologies utilisés par les constructeurs, vous obtiendrez une restitution différente, souvent adaptable grâce à des réglages précis, pour obtenir le son qui vous conviendra le mieux.
Nous avons utilisé ici le préampli Tube Box S2 de chez Pro-Ject (359€). Doté de composants à faible bruit intégrés dans un châssis en acier très compact, cet appareil utilise 2 tubes (donnant un look très “badass” à votre système), qui vont d’emblée apporter un son vraiment particulier à l’écoute (peut-être trop “teinté” diront certains), mais ce qui est sûr, c’est qu’encore une fois la différence se fait sentir, et pas qu’un peu. La sensation d’ampleur est énorme, le côté chaleureux devient presque brûlant, et l’impactant dynamisme ajoute encore à cet aspect vivant auquel Rega nous a habitués.
Ce préampli possède, outre un filtre subsonique permettant de supprimer les perturbations dans l’infragrave, des possibilités de réglages très précis pour une préamplification parfaitement adaptée aux caractéristiques de la cellule phono de votre platine. Ainsi, on trouve sur cet appareil des réglages d’impédance, de capacitance, de gain, et il est important de préciser que les cellules MC (qui sont elles aussi une manière très simple et ultra efficace d’optimiser votre système) sont les bienvenues.
La platine jusqu’alors branchée avec le câble phono fourni par Pro-Ject, nous décidons d’en utiliser un autre, le QED Reference Audio 40. Ce câble d’excellente qualité intègre des conducteurs en cuivre désoxygéné plaqués argent, et permet une conduction idéale des signaux électriques. Utilisant 2 conducteurs de section différente pour chaque canal afin d’optimiser le transfert des signaux audio, ce câble dispose d’un blindage en cuivre OFC pour éviter d’éventuelles perturbations électromagnétiques.
Résultat des courses à l’écoute : une profondeur impressionnante, des basses percutantes, et une dimension qui regorge de détails, très agréable.
Proposé au prix de 113€ pour une longueur de 60cm, le QED Reference Audio 40 utilise des connecteurs avec système Analoc, qui viennent se visser sur les fiches RCA femelles de l’amplificateur, pour une tenue impeccable.
Les cellules Ortofon 2M Blue et 2M Black
Le rôle de la cellule phono est de convertir le mouvement de l’aiguille, parcourant le sillon du disque, en un signal électrique. Les caractéristiques techniques de cet élément , les matériaux utilisés dans sa fabrication, et sa conception mécanique vont intervenir sur sa performance et le résultat obtenu.
Comme mentionné ci-dessus, la cellule Ortofon 2M Red montée d’origine sur la platine que nous utilisons est une référence en matière de cellule phono stéréophonique, qui nous procure déjà ampleur et énergie à l’écoute. En changeant simplement son aiguille pour une 2M Blue (160€), nous obtenons un contenu beaucoup plus riche, plus détaillé, plus généreux. Pour une scène sonore plus large encore, pour plus de détails et de raffinement, il est possible d’opter pour une cellule de sophistication supérieure, ou carrément de fonctionnement différent (cellules MM ou MC). Attention toutefois à vous assurer que la préamplification dont vous disposez est adaptée au type de cellule que vous envisagez.
De quoi se perdre, nous direz-vous ? En effet, les solutions pour obtenir le son rêvé pour votre platine vinyle sont multiples, et les possibilités de combinaisons de tous ces éléments améliorants sont quasi infinies. C’est évidemment en les testant que vous vous rendrez compte de l’apport potentiel de nuances intéressantes à vos oreilles, ou pas.
Et ce qui est génial, c’est que vous pouvez faire cela quand vous le voulez, de manière évolutive. Ne perdez également pas de vue qu’un bon entretien de vos disques vinyles apportera aussi une belle différence dans la qualité du son obtenu.
À la fin de nos expériences, nous sommes revenus à la Debut Carbon EVO telle qu’elle nous est fournie par Pro-Ject, mais nue de tous les accessoires que nous avions testés. Et bien, c’est peut-être là que nous ressentons la différence la plus marquante. Non pas que ce que nous entendons n’est ni de qualité ni agréable, que du contraire bien entendu (inutile de vous (re)dire tout le bien que nous pensons de cette platine et de cet amplificateur), mais on entend qu’on a voyagé à travers des paysages extrêmement nuancés. Heureusement, l’oreille humaine a cette faculté de s’adapter à ce qu’elle écoute, mais ce qui est certain, c’est que c’est tellement plus agréable quand c’est encore meilleur qu’auparavant…